« Il ne faut pas hésiter à rêver grand »
Eloïse Tournilhac est co-fondatrice avec son associée Lydie Thomas d’Estampille, une entreprise de cosmétiques upcyclés (à partir de déchets destinés à être jetés), fabriqués en Ardèche. Ambassadrice du Moovjee en Région-Auvergne-Rhône-Alpes, en partenariat avec l’association GSC, Eloïse Tournilhac nous parle de son parcours de jeune entrepreneure et de ses ambitions pour l’avenir.
Quel a été votre parcours avant de fonder Estampille ?
J’ai fondé Estampille lorsque j’étais encore étudiante. J’ai d’abord fait une Licence en Gestion et en Management des Equipes, Qualité et Développement Durable, avec une troisième année d’échange universitaire au Canada, à Montréal. A mon retour en France, c’est durant ma première année de Master en Management que nous avons commencé à réfléchir au projet avec mon associée Lydie. Elle était diplômée d’une Licence en Biochimie et d’un Master en Biologie Végétale et a travaillé dans une entreprise qui produisait des cosmétiques. Ainsi, le concept d’Estampille est né d’un constat lors d’un stage de Lydie en R&D sur le marc de raisins : elle s’est ainsi aperçue de l’intérêt que pouvaient avoir ces produits en cosmétiques. Il y a trop de co-produits, également appelés « sous-produits » lors du processus de fabrication, qui sont jetés alors qu’ils présentent pourtant de réels intérêts pour la peau : l’idée est donc de les transformer pour les utiliser en cosmétiques.
Quel a été pour vous le déclic pour devenir entrepreneure ?
Comme la plupart des entrepreneurs, je l’ai toujours un peu su au fond de moi et j’attendais de pouvoir saisir l’opportunité. Ce projet, écoresponsable et qui valorise le savoir-faire français, a un ADN qui me correspond. Mais c’est surtout cette association entre deux profils complémentaires, mon associée et moi, qui a permis de faire naître l’étincelle.
« Les risques qui nous entourent génèrent beaucoup de stress et nécessitent beaucoup de préparation et d’anticipation. »
Quel est le concept d’Estampille ?
Le concept d’Estampille consiste à récupérer des biodéchets de l’industrie française et de les transformer en matières premières pour produire des cosmétiques upcyclés. Nous nous associons avec des entreprises dans des domaines divers où il peut exister un intérêt des coproduits en cosmétiques. Ensuite, nous créons des gammes sur-mesure avec eux, en co-branding, pour les mettre en valeur et revaloriser le savoir-faire d’excellence français.
Quelles sont les qualités à avoir pour devenir entrepreneure ?
Avoir un véritable goût de l’aventure : c’est la base pour tout entrepreneur. Mais il est également essentiel d’avoir une gestion vis-à-vis des risques ! Les risques qui nous entourent génèrent beaucoup de stress et nécessitent préparation et anticipation. Deuxième qualité : il faut être très sociable, car l’entrepreneur est celui qui fait le lien avec un nombre immense d’acteurs. Il est donc important de réussir à naviguer dans ces différents groupes pour comprendre leurs attentes et saisir les opportunités pour l’entreprise.
Lorsque l’on crée une entreprise on pense assez rarement aux risques qui peuvent être liés à l’aventure entrepreneuriale, notamment pour soi, en tant qu’entrepreneur. Est-ce important pour vous d’anticiper les aléas qui pourraient toucher votre activité ?
L’anticipation des risques est primordiale car elle permet de construire son projet entrepreneurial en toute sérénité. Nous pouvons faire le parallèle avec un aventurier : partir à l’aventure c’est soigner la préparation du voyage et ceci signifie principalement anticiper les conséquences possibles et les réponses que l’on peut y apporter. Et c’est vrai qu’avoir des solutions qui aident dans la gestion de ce risque permet de s’alléger d’un poids pour avancer beaucoup plus sereinement ! Je pense notamment à l’assurance perte d’emploi proposée par l’association GSC ainsi qu’à d’autres solutions pour faciliter le rebond (formation, allocations chômage pour les chefs d’entreprise éligibles…)
Avez-vous été confrontée à des freins lors du lancement de votre entreprise ? Et comment avez-vous réussi à surmonter ces difficultés ?
Les freins que nous avons rencontrés étaient de plusieurs ordres. Tout d’abord, le manque de confiance en soi et le fait de se référer à des avis extérieurs considérés comme « experts »… mais qui n’avaient pas pour autant le même vision que nous pour l’entreprise et qui nous ont orientés vers des mauvais chemins ! Ensuite, le deuxième frein était celui du « timing » puisque nous n’étions pas totalement indépendantes pour maîtriser l’enchaînement des choses. Je pense, en particulier, à l’aspect financement et à la longueur des délais. Il est donc nécessaire de toujours anticiper, même si cela peut paraître assez complexe lorsque l’on ne connaît pas le fonctionnement du système entrepreneurial… Mais nous sommes parvenues à surmonter ces freins en nous rapprochant de plusieurs réseaux. Cela nous a permis de trouver des sources de financement et de subventions mais également de pouvoir travailler avec des personnes qui nous ont aidé sur certains sujets et bénéficier de leurs retours d’expérience.
« S’engager pour maintenir son cap »
Pourquoi avez-vous candidaté au Prix Moovjee et comment voyez – vous votre rôle d’ambassadrice de la région AURA ?
J’ai candidaté à beaucoup de prix entrepreneuriaux différents. Tout d’abord, à un premier concours régional où nous sommes parvenues à finir deuxième et lauréates sur 100 entreprises choisies. Cette expérience nous a fait prendre conscience de l’importance d’entrer dans le cercle entrepreneurial. Elle nous a également permis de construire notre projet, d’échanger avec d’autres acteurs et d’obtenir de la visibilité. Puis, l’étape supérieure fut d’intégrer le Moovjee. Nous souhaitions effectivement bénéficier d’un accompagnement à travers le mentorat. Ce rôle d’ambassadrice de la région AURA est important puisque je suis extrêmement fière de ma région.
Quels conseils donneriez – vous aux jeunes qui voudraient se lancer dans l’entrepreneuriat mais qui n’osent pas franchir le pas ?
La première chose, c’est d’oser ! Dès lors que l’on a envie d’entreprendre, il ne faut pas hésiter à rêver grand. Car lorsque l’on tente de réaliser ses rêves, ça marche ! Il est également indispensable de savoir s’engager pour bien maintenir son cap. Avec ces ingrédients – là, on a toutes les clés pour suivre son propre chemin.